Dans l’espace public, là où s’entrecroisent nos trajectoires humaines, là où se heurtent jour après jour nos fragilités, la cohabitation peut être source de plaisir et de soutien, mais également d’incompréhensions, de frustrations et de craintes.

Ainsi, dans notre travail, nous rencontrons régulièrement des personnes qui, découragées par l’impossibilité d’une harmonie durable, sont tentées de renoncer complètement au vivre-ensemble. Pour ne pas déranger ni être dérangé, s’isoler chez soi – et souhaiter que chacun.e en fasse de même – apparaît alors comme la seule option acceptable.

L’action communautaire fait le pari inverse : elle mise sur la rencontre, le dialogue, le maintien du lien au-delà des conflits, l’occupation des espaces. Au calme apparent d’un quartier où plus personne ne se parle, où le voisinage s’anonymise, nous préférons le chaos vivant de celui où résonnent les voix des habitant.e.s. Quand des tensions émergent, nous ne les voyons pas comme des problèmes à supprimer, mais comme l’expression de besoins contradictoires qui ne demandent qu’à être entendus.

En effet, réussir à « s’entendre », au sens propre comme au figuré, c’est à la fois le défi et la solution ! Car avant de se résigner à l’isolement, ceux et celles qui ne croient plus aux joies de la collectivité ont pour la plupart cherché à faire entendre leurs voix et reconnaître leurs droits, puis, ne trouvant pas d’écho, ont fini par baisser les bras. Plutôt que de viser l’harmonie, nous espérons donc créer des espaces de dialogues, dans lesquels les personnes peuvent s’accompagner mutuellement dans une écoute sincère, malgré leurs différences.

L’équipe d’Interstices.